Comment reconnaître « à temps » les signes du burn-out ?

28 janvier 2020
Emanuela

Est-ce que vous vous sentez à bout?

Est-ce que depuis quelques temps vos journées sont rythmées par une fatigue importante, un manque de motivation envers le travail, une envie de pleurer, une anxiété diffuse et une confusion mentale?

Dans ce cas-là, ça vaut la peine d’évaluer si vous n’êtes pas en train de tirer trop la corde et de prendre tout doucement le chemin du burn-out.

Mais qu’est-ce que c’est le burn-out et comment on peut reconnaître ses signes ?

J’ai proposé à Catherine Choque, psychologue et responsable du Projet Sense Care, d’intervenir sur le blog pour nous parler du burn-out et vous donner des clés pour comprendre ce qui se passe probablement dans votre vie.


Catherine Choque est psychologue clinicienne et systémicienne, Conseiller en prévention aspects psycho-sociaux ainsi que responsable du Projet Sensecare au sein de OneManagement du Groupe CESI (qui se compose également de l’asbl CESI, un Service de Prévention et de Protection au Travail).

Comment peut-on reconnaître « à temps » les signes du burn-out ?

Il n’y a pas de réponse unique à cette question. Il y a sûrement plusieurs facteurs à analyser.

1. Les facteurs individuels

Premièrement, chaque individu a son propre temps, sa propre temporalité. En fonction de qui nous sommes, de notre histoire et les expériences qui en découlent, de nos ressources et de nos failles,…, nous évoluons chacun à notre manière. Souffrir de burn-out, ce syndrome d’épuisement « professionnel », répond à cette même logique. Les étapes préalables à ce craquage qu’est le burn-out dureront plus ou moins longtemps en fonction de la personne, tout comme les étapes pour en sortir. Le burn-out est donc un processus, c’est-à-dire qui s’étale dans le temps. On ne fait pas un burn-out, comme on fait un rhume. Il ne se dit pas qu’on a fait un burn-out la semaine dernière. L’épuisement de l’organisme au niveau physique, cognitif et psychique s’installe petit à petit dans le temps si on n’est pas attentif aux signes envoyés par notre soi (facteurs individuels).

2. Les facteurs sociétaux

Deuxièmement, évoquer le burn-out est directement associé justement au temps, à ce temps qui est devenu de plus en plus rapide avec le XXIe siècle : tout, tout le temps, tout de suite…et partout ! Cette cadence effrénée (facteurs sociétaux), entrainée notamment par l’arrivée des nouvelles technologies dans la sphère privée et professionnelle, et l’exigence de performance imprègnent tout un chacun, cela même chez les personnes qui souffrent de burn-out. En effet, ces dernières ont tendance à vouloir « rapidement » aller mieux, à retrouver une vie « normale » au plus vite. Vite, toujours plus vite.

L’accompagnement du burn-out se doit dès lors, entre autres, de ré-apprendre à ralentir, à donner du temps au temps, à son propre temps, à son propre rythme (au rythme de la nature…). Prendre le temps de s’écouter et d’identifier les signes permet, entre autre, non seulement de ne pas atteindre le burn-out mais permet, pour ceux qui ont été trop loin, d’en sortir.

3. Les facteurs collectifs et organisationnels

A côté des facteurs sociétaux (économie et mondialisation, nouvelles technologies et digitalisation, multiplication des rôles et des tâches, valeurs sociétales, transport et mobilité) et individuels (profils à risques, gestion des émotions, gestion du stress, perfectionnisme, hyper-engagement, sur-identification au travail, difficulté à délégué, besoin de contrôle, grande conscience professionnelle,…), il y a également les facteurs collectifs et organisationnels associés à l’entreprise ou l’organisation dans laquelle l’individu travail. Le monde du travail est en quelque sorte un miroir de la société actuelle qui véhicule des valeurs de performance et de réussite et qui est aussi victime de ce rythme effréné évoqué plus haut. Rendement et rentabilité, environnement de travail, horaire de travail, style de management, outils de gestion, restructuration, rôles et fonction,…ne sont que quelques facteurs de risque organisationnels qui peuvent amener énormément de stress.

Avant de vous présenter les signes du burn-out, une question se pose.

Qu’est-ce que le syndrome d’épuisement professionnel, également appelé « burn-out » ?

Le syndrome d’épuisement professionnel, provenant du terme « burn-out », qui signifie « se consumer entièrement », est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté scientifique et des professionnels du terrain. Un aspect rallie néanmoins tout le monde en ce sens qu’il constitue un risque psycho-social certain. Nombreux sont les professionnels et scientifiques qui soulignent les maladies provoquées par le stress. Le burn-out n’en est pas une exception.

De nombreux chercheurs se sont attelés à définir le burn-out citons notamment Freudenberger (1974), Maslach (1976), Schaufeli et Buunk (2003) et plus récemment Desart, Schaufeli et De Witte (2017). Tous mettent en relation le syndrome du burn-out avec la situation de travail. Actuellement, d’autres types de burn-out, tels que le burn-out parental ou le burn-out scolaire, apparaissent dans la littérature. Y a-t-il vraiment une distinction à faire entre ces différents burn-out ? Le syndrome du burn-out est-il uniquement lié ou associé au travail ? Les scientifiques et professionnels ne s’entendent pas sur la question.

Quoi qu’il en soit, ils se rejoignent pour convenir que le burn-out existe bel et bien et constitue un risque psycho-social certain. Une entente ou compromis au niveau de la définition pourrait être de l’envisager comme une consumation/perte d’énergie liée à une/des activité(s) intense(s) et stressante(s) de façon chronique (stress = déséquilibre entre la perception des exigences de l’environnement et la perception des ressources personnelles et collectives pour y répondre), qu’elle soit liée au « monde professionnel » ou non. Ainsi, le burn-out « professionnel » serait lié à l’activité professionnelle, celui « scolaire » serait lié à l’activité scolaire, ou encore le burn-out « parental » serait associé, quant à lui, à l’activité domestique et éducative. Certains points communs et différences ou spécificités pourraient sûrement être attribués à un type de burn-out plutôt qu’un autre. Cela mériterait de lancer des recherches sur ces questions.

Quels sont les signes burn-out ?

Tout d’abord, il est important de souligner qu’il n’y a pas UN burn-out mais DES burn-out, autant que de personnes. Le nombre de signes, leur intensité et leur ordre d’apparition dépend d’une personne à l’autre mais aussi de l’étape du processus dans laquelle se situe la personne (degré de gravité). C’est éminemment subjectif. Le burn-out est d’ailleurs un syndrome (=ensemble de symptômes fréquemment associés) et non une maladie (une entité particulière caractérisée par des causes, des symptômes, une évolution et des possibilités thérapeutiques propres). Pour donner l’exemple de l’angine : quel que soit l’individu, la maladie de l’angine, présente les mêmes causes, les mêmes symptômes, la même évolution et se soignera avec le même traitement. Il n’en va pas de même pour un syndrome qui demande ainsi une prise en charge multidisciplinaire, globale et intégrée.

Dans la littérature, nous retrouvons 5 catégories de signes, à savoir les signes physiques, cognitifs, émotionnels, comportementaux et professionnels. Les voici :

Signes physiques

  • Tensions musculaires (troubles musculosquelettiques)
  • Maux de tête
  • Fatigue, troubles du sommeil
  • Diminution de l’appétit, troubles gastro-intestinaux
  • Hypertension, troubles cardio-vasculaires

Signes cognitifs

  • Baisse de la concentration
  • Perte de mémoire
  • Difficulté de prendre des décisions
  • Difficulté de nuancer et de réaliser plusieurs tâches à la fois
  • Erreurs ou fautes

Signes émotionnels

  • Anxiété
  • Humeur dépressive
  • Hypersensibilité/absence d’émotion
  • Manque d’entrain/démotivation
  • Irritabilité
  • Frustration
  • Colère

Signes comportementaux

  • Isolement
  • Comportements agressifs
  • Diminution de l’empathie
  • Cynisme
  • Comportements addictifs (drogues, caféine, alcool)

Signes professionnels

  • Baisse de la motivation
  • Insatisfaction
  • Désengagement
  • Effritement des valeurs associées au travail
  • Diminution du sentiment d’efficacité professionnelle
  • Intention de quitter
  • Absentéisme/présentéisme

Si vous reconnaissez chez vous quelques, voire plusieurs de ces signes, il est nécessaire de prendre du recul afin d’évaluer les facteurs sources de stress et les aspects de votre vie qui sont des ressources pour vous. Repérez ce qui est source de stress chronique et mettez des choses en place pour casser ce cercle vicieux. Si vous ne voyez pas comment faire, n’hésitez pas à demander de l’aide, en consultant entre autres votre médecin généraliste ou un médecin/psychologue clinicien spécialisé dans le burn-out.

Il veut mieux prévenir que guérir. N’attendez pas le craquage.


Un tout grand merci à Catherine Choque pour ces informations précieuses qu’il ne faut pas hésiter à prendre en considération et à analyser chez vous si vous présentez certains de ces signes.

Maintenant à votre tour: est-ce que vous avez déjà vécu du burn-out? Qu’est-ce qui vous a aidé à en sortir? Je suis sure que beaucoup de lectrices pourront profiter de votre apport!

Si vous voulez allez plus loin dans la réflexion et la prise en charge de votre bien-être, voici des articles qui pourraient vous intéresser:

À bientôt, au prochain article !

Emanuela Garau,
psychologue et nutrithérapeute
et son équipe passionnée.