Est-ce que les psys sont parfaits ?

06 juin 2019
Emanuela

Est-ce que vous vous êtes déjà demandé si les psys avaient eux-mêmes des problèmes? Ou peut-être que vous vous êtes dit que les psys sont parfaits.

Tout d’abord, avant de répondre à cette question, j’aimerais vous raconter une histoire.

En juillet 2015, avec mon compagnon, on avait trouvé un billet pour le Japon pas trop cher. Génial. Aller au Japon avait toujours été un de mes rêves d’enfant (j’ai toujours adoré les mangas japonais). Il y avait seulement un petit souci : moi et les avions, c’était une relation d’amour/haine. Amour, parce que j’adore voyager et ça me permet de découvrir de nouvelles cultures et mœurs. Haine, parce que, pour moi, être à 10.000 mètres d’altitude… c’est juste angoissant.

Donc, on se retrouve dans un vol de 13 heures où à chaque turbulence j’ai les larmes aux yeux…bon, ok, les larmes coulaient carrément. Et c’est là que mon compagnon me dit :

« Je ne comprends pas : t’es psy. Tu ne devrais ne pas avoir ce type de réactions ».

Et c’est à partir de ce moment-là que j’ai compris que les gens ont une vision des psys un peu faussée. J’ai donc essayé de lui expliquer qu’être psy ne veut pas dire être parfait, que chacun de nous a ses difficultés, mais, qu’en tant que psy, on les remarque plus facilement et on les analyse plus fréquemment. Les résoudre, ça demande du temps, comme pour tout le monde.

Alors, aujourd’hui, j’ai envie de clarifier cette croyance qui finalement n’amène aucun bénéfice vu que, de toute manière, la perfection n’existe pas et que ça met une pression inutile sur les psys, qui peuvent tomber dans le piège de devoir montrer une image d’eux sans aucune faille. Le but de l’article est donc de soulager tant les patients ou futurs patients, que les psys et futurs psys.

Je vais déstructurer cette croyance en 4 points. Allons-y.

  1. La formation ne rend pas immune.

    Partir du principe que les psys n’ont aucune difficulté ou problème, c’est comme s’attendre à ce qu’un médecin ne tombe jamais malade ou que la voiture d’un mécanicien ne tombe jamais en panne. Se former à une profession ne nous rend pas immune aux difficultés en lien avec la profession en question. Donc, sachez que les psys peuvent, ou ont pu, passer par des difficultés qui peuvent être similaires aux vôtres. Et c’est là qu’il faut que je nuance.

  2. Si un psy a une peur bleue de l’avion, il ne va pas accompagner des personnes qui ont la même peur que lui.

    Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne serait pas assez neutre et objectif pour aider son patient. Devant ces blocages, il serait trop pris par ses propres sensations, croyances et sa propre peur, en risquant de projeter son vécu sur son patient. Et ça, ça ne fonctionne pas, ça n’aide pas le patient. Par contre, pour aider son patient, il faut que le psy soit au clair avec sa problématique et qu’il arrive à faire la part des choses. Ce qui m’amène à mon 3ème point.

  3. La spécialité des psys n’est donc pas d’être parfaits, mais d’être formés à mettre de côté leurs propres vécus et problèmes.

    Cette compétence est ce qui nous permet de garder notre psychisme disponible pour recevoir le vécu des patients. Ça veut dire que pendant mes consultations, je ne vais pas écouter et analyser le vécu de la personne en face de moi en le comparant à mon vécu personnel. Au contraire, je vais être focalisée sur lui et continuer à construire son histoire dans ma tête, pour que je puisse comprendre son vécu par rapport à sa manière de fonctionner, tout en gardant une position neutre et objective. C’est cette position qui me permet de lui renvoyer des informations pertinentes, comme l’utilisation de certains mots, la répétition de certains comportements, la présence de croyances limitantes, etc. et de déclencher ensuite des changements. Pour arriver à faire ce travail, il faut se connaître extrêmement bien. C’est là qu’on arrive à mon dernier point.

  4. Les psys ont eux-mêmes un psy.

    Il y a beaucoup de personnes qui se posent la question et qui n’osent pas demander. Je vais vous donner clairement la réponse. Oui, absolument : les psys voient eux-mêmes des psys. Ou, du moins, c’est ce que font les « bons psys » (un jour, une amie m’a dit « en fait, vous faites circuler l’économie entre vous »). Tout bon psychologue se doit d’analyser et de comprendre son fonctionnement, pour justement ne pas faire de mélange avec le fonctionnement de ses patients. De même, la vie étant faite de hauts et de bas, ils doivent travailler leurs difficultés et blocages pour avancer et pour, d’un côté, vivre une vie sereine, et de l’autre côté, continuer à faire correctement leur travail.

Voilà, j’espère que ce petit article vous aidera à voir les psys comme des êtres moins mystérieux et à comprendre qu’être psy ne veut pas dire être parfait et que ça aidera les psys à se mettre moins de pression, tout en continuant à avancer dans leur travail de connaissance et croissance personnelle, pour leur bien et celui de leurs patients.

Et, pour terminer, en ce qui concerne ma peur des avions, je suis contente de vous annoncer que ça se passe beaucoup mieux (je dis bien mieux et pas parfaitement) depuis quelques temps. Je vous en parlerai volontiers dans mon prochain article « Comment j’ai dépassé ma peur de l’avion ».

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Place à vous maintenant. Est-ce que vous pensiez que les psys étaient parfaits ? Qu’est-ce que ça vous fait de savoir que ce n’est pas le cas ?

À bientôt, au prochain article !

Emanuela Garau,
psychologue et nutrithérapeute
et son équipe passionnée.