Je suis grosse, est-ce que c’est grave?

13 août 2019
Emanuela

“Si tu mangeais mieux, tu serais moins grosse”, “Tu serais si jolie avec quelques kilos en moins”, “Essaie ce nouveau régime, après tout ira mieux”.

Ces réflexions sur votre poids, vous en avez peut-être déjà entendu des dizaines.

Venant de votre famille, de proches, de personnes bien ou mal intentionnées, s’y connaissant ou non. Certains commentaires ont sûrement retenu votre attention. Certains ont dû vous agacer et certains ont pu vous intriguer, vous questionner.

L’idée de base, en tout cas, est que si on est grosse, ça ne va pas. Comme s’il y avait quelque chose de fondamentalement erroné dans le fait d’être grosse: il faut changer quelque chose de son comportement, de son corps, bref, il faut se changer soi-même.

Mais, finalement, vous vous êtes déjà demandé : est-ce que c’est si grave si je suis grosse ?

On va le voir ensemble.

Tout d’abord, c’est important de définir ensemble ce que signifie être “grosse”.

Souvent, quand on veut “analyser” le poids d’une personne, on utilise une mesure qu’on appelle “l’indice de masse corporelle” (IMC), qui correspond au rapport entre le poids et la taille au carré.  Ce chiffre indique où la personne se trouve par rapport à des intervalles donnés : maigreur, norme, surpoids ou obésité.

Bien que cet indice puisse être utile dans certaines situations, ici, ce n’est pas le cas. Dans cet article qui traite des personnes “grosses”, je n’ai pas envie de faire référence à un IMC donné. Pourquoi? Parce que peu importe qu’un IMC soit de 23, 27 ou 31, ce qui est important, c’est comment on se sent, ce qu’on ressent. Et, généralement, on ne se sent pas “en surpoids” ou “obèse”. On se sent “grosse”.

Et faites attention, parce que ce terme ce n’est ni une insulte, ni une critique. Être “grosse” a la même valeur qu’être “mince”, “grande” ou “petite”, sans aucun jugement derrière.

Donc, dans cet article, quand on va parler d’être grosse on va faire référence à toutes les personnes qui se perçoivent comme étant plus grosses que ce qu’elles aimeraient être, ou qu’elles pensent qu’elles devraient être, et qui se sentent grosses.

Généralement, quand on pense qu’être grosse c’est grave, c’est parce qu’on est inquiète pour deux facteurs:

  • sa santé,

  • le jugement des autres.

Commençons par la santé.

1. Est-ce qu’être grosse veut dire être en mauvaise santé ?

Pas nécessairement.

Le physique ne donne que des informations partielles sur le mode de vie et sur la santé d’une personne. Bien sûr, l’excès de masse graisseuse peut être, sur le long terme, un risque pour la santé de la personne. Comme l’excès dans toute chose d’ailleurs. Mais la santé est composée de tellement de facteurs différents que la seule information de la masse graisseuse ne nous dit rien sur l’état de santé général. En effet, la graisse pourrait nous indiquer que la personne introduit dans son organisme plus de calories qu’elle n’en dépense, mais elle ne nous indique pas ce que la personne mange, ni si les niveaux de son cholestérol ou de sa glycémie sont bons, etc.

Aussi, son poids peut s’expliquer par tout un tas de raisons autres que l’alimentation:

  • la génétique,
  • la prise de médicaments,
  • le métabolisme plus lent,
  • l’absence d’activité physique,
  • la santé psychologique,
  • la faim émotionnelle.

Bref, la personne grosse peut avoir une accumulation de graisse, oui, mais avoir une santé de fer. Ce ne sont que des analyses de sang poussées qui nous permettront de juger de son état de santé.

2. Est-ce qu’être grosse veut dire être être regardée et jugée négativement ?

Comme cet article l’explique, Il y a beaucoup de préjugés qui entourent les personnes grosses.

L’un des plus courants est l’idée que les personnes grosses sont fainéantes.

Cette croyance vient du fait que beaucoup de gens pensent que le surpoids est lié à un manque de volonté à manger sainement. Pourtant, comme nous venons de le voir, le poids peut dépendre de beaucoup de facteurs autres que la volonté. Donc, être grosse n’est pas synonyme d’être fainéante.

Il y a également d’autres préjugés qui virevoltent autour des personnes grosses: elles sont trop gloutonnes, elles n’aiment pas le sport, elles n’ont pas d’amis. Mais si ces éléments peuvent être vrais pour certaines personnes “grosses”, elles peuvent l’être aussi pour les minces. La généralisation est toujours dangereuse.

Ce qui est surprenant et important à signaler est que, sous l’emprise de la société,  même les personnes en surpoids finissent par croire en ces préjugés et font des choix qui peuvent les mettre en danger. Par exemple, pour essayer d’éviter d’être victime de critiques et pour « prouver » qu’elles ne sont pas fainéantes, elles pourraient commencer des régimes à répétition, les plus farfelus les uns que les autres, avec des conséquences néfastes pour leur santé psychologique et physique.


Arrêter de croire en ces fausses idées est fondamental.


Pour la personne grosse, ça demande du travail personnel et de l’énergie, mais c’est possible et surtout nécessaire.

Pour toute la société, ça demande de remettre en question ses croyances, de questionner les idées reçues et de s’informer. Lorsqu’on s’instruit sur un sujet, ça permet de se libérer des préjugés et d’être plus empathique avec les autres et soi-même. Sur le long terme, ça permet de faire évoluer la société vers plus d’acceptation de ce qui « sort de la norme », en se rendant compte de tous les bénéfices que cela apporte.

En résumé, la peur du regard de l’autre se base sur la croyance en des préjugés qui n’ont aucun fondement réel. Ce qu’on peut faire pour diminuer ce danger, c’est essayer d’instruire les gens autour de nous pour qu’ils se rendent compte de leur erreur.

J’espère que cet article aura pu vous aider à faire le point sur cette question de la “gravité” d’être grosse, pour vous ou pour votre entourage.

C’est à vous maintenant. Est-ce qu’il y a d’autres choses que vous aimeriez dire aux personnes qui pensent qu’être grosse est grave? Dites-moi tout dans les commentaires.

À bientôt, au prochain article !

Emanuela Garau,
psychologue et nutrithérapeute
et son équipe passionnée.